Maurice LEBLANC, journaliste et écrivain (Rouen 1864 -Paris 1941) a créé le personnage légendaire d'Arséne Lupin "Gentleman Cambrioleur" dont les aventures rocambolesques passionnent toujours petits et grands.

Par contre, de nos jours, rares sont les lecteurs de son roman "Les trois Yeux" (1919) qui représente une réussite magistrale s ur le thème des communications interplanétaires : Un savant découvre une substance qui imprégnant un mur, fait de celui-ci un écran apte à restituer les images cinématographiques du passé de la Terre prises par les vénusiens et projetés par ceux-ci.

C'est ainsi que l'on peut assister à l'exécution de Miss CLAVEL, à la bataille navale de Trafalgar, à l'ascension des fréres MONGOLFIER, à un combat aérien en 1914, à la crucifixion de JESUS-CHRIST, etc...

Mais ceci ne donne aucune idée de l'adresse avec laquelle Maurice LEBLANC a manié le mystére. Pour en découvrir les traits cachés, sache le lecteur qu'il me faut attirer attention sur les extraits ci-aprés du roman en question.

"Et moi-même, aprés tout, qu'ai-je vu ? Des formes inanimées. Oui, voilà tout. Des formes vivantes ..."

"De ces formes, je ne tenterai pas la description. Comment le pourrai-je d'ailleurs, étant donné qu'elles différaient toutes les unes des autres, et qu'elles différaient d'elles-mêmes, en l'espace d'une seconde ?"

"Imaginons un sac de charbon (la comparaison s'imposait à cause de l'aspect noir et bossué des Formes), imaginons un sac de charbon qui se gonflerait jusqu'à devenir le corps d'un boeuf, pour retomber aussitôt aux proportions d'un corps de chien et pour s'élargir ensuite ou bien s'étirer en longueur. Imaginons que, de cette masse qui paraît inconsistante comme le corps gélatineux des méduses, il sorte parfois trois petits tentacules, pareils à des mains. Supposons enfin l'image d'une ville non pas horizontale, mais verticale, aves des rues dressées comme des échelles, et le long de ces artéres, les Formes qui s'élévent ainsi que des ballons. Telle est la première vision, et, tout en haut de la ville, par centaines et par milliers, les Formes affluent de tous côtés et débouchent sur un espace horizontal où elles grouillent comme des fourmis."

"J'ai l'impression, et cette impression fur générale, que cet espace est une place publique. Un monticule en marque le centre. Des formes s'y tiennent immobiles. D'autres s'en rapprochent au moyen de gonflements et dégonflements successifs qui paraissent être leur mode d'avancer. Et ainsi, sur le passage d'un groupe peu important et qui semble porter une Forme inerte, la multitude des Formes s'écarte."

"Que se produit-il alors ? Si nettes que soient mes sensations, et si exacts les souvenirs que j'en ai gardés, j'hésite à les transcrire en phrases. Je le répéte : la vision dépasse les bornes de l'absurdité, tout en provoquant une horreur qu'on subit sans la comprendre. Car enfin, qu'est-ce que cela signifie ? Deux Formes puissantes projettent leurs tentacules, lesquelles entourent la Forme inerte qui fut apportée, la compriment, la déchirent, la réduisent, et, la levant en l'air, brandissent une petite masse qu'ils ont séparée, comme une tête que l'on coupe, de la Forme primitive, et où s'écarquillent, vides de paupiéres, vides d'expression, les trois Yeux géométriques."

Difficle d'étre plus étrange. Mais voici la solution du mystére :

Il s'agit de films que les Vénusiens nous adressent "où les Formes vivaient certainement, devant nous, selon les lignes et les prncipes de la vie vénusienne. N'est-ce pas une vue prise chez eux et sur eux dont nous fûmes les spectateurs ahuris ? N'est-ce pas, en opposition avec la mort de Luis XVI, un épisode représentant le supplice de quelque grand personnage que les bourreaux déchirent de leur trois tentacules et dont ils coupent l'espéce de tête amorphe ornée de trois yeux ?"

Et plus loin : "Trois mains ... trois yeux ! Oserais-je, avec cette donnée fragile, aller au-delà de ce que nous avons vu, et dire que le Vénusien posséde la Symétrie totale du triangle, comme l'homme avec ses deux yeux, ses deux oreilles et ses deux bras, posséde la symétrie binaire ? Essayiera-je d'expliquer son mode d'avancer par gonflements successifs, et de se diriger verticalement le long des rues verticales, dans des villes bâties en hauteur ?"

En guise de conclusion, je dirai simplement que chacun d'entre-nous exerce sa perspicacité pour établir des rapprochements entre les extraits cités du roman "Les Troix Yeux" (1919) et la récente actualité ufulogique.

Copyright © 03.02.1998 France OVNI